PORTRAIT

TONYA HARDING : ENTRE INJUSTICE ET RÊVE BRISÉ.

Tonya Harding n’est désormais plus qu’un bon mot dans la culture populaire. Celle à qui l’on se réfère en cas de plaisanterie sur le fait de blesser volontairement un concurrent pour s’assurer la victoire lors d’une compétition. Retour sur le destin cruel de la patineuse.

Négligée, nonchalante, mal coiffée et loin de l’élégance du patinage, Tonya Harding est souvent considérée comme un vilain petit canard. Loin des codes et des stéréotypes de ce sport, elle affirme dans sa biographie, « The Tonya Tape », préférer le rock à la musique classique. Elle fait souvent l’objet de critique :« On me disait que j’étais grosse et que j’étais moche », explique-t-elle lors d’une interview avec le New York Times. Née à Portland le 12 novembre 1970, Tonya Harding est la fille d’Albert Gordon Harding et de Lavona Golden, une mère alcoolique qui bat sa fille tant physiquement qu’émotionnellement. Tonya débute le patinage artistique à l’âge de 3 ans sous les ordres de sa mère. Ainsi, elle subit durant son enfance de nombreux déménagements, parfois dans des mobile homes, avant l’âge de 11 ans. Très compétitive lorsqu’elle chausse ses patins, Tonya est la première patineuse américaine à réussir le triple axel en compétition.

La descente aux enfers

 

À l’inverse de Tonya Harding, Nancy Kerrigan réunit tous les attributs de la parfaite patineuse : grande, élancée, élégante, habillée en marque de luxe, chouchou des entraineurs… Issue d’un milieu modeste, son père travaille sans compter les heures pour payer le sport de sa fille. Cette opposition entre les deux patineuses atteint son apogée avant les Jeux Olympiques de Lillehammer en Norvège en 1994.
 
Le 6 janvier 1994, quelques semaines avant les Jeux Olympiques, a lieu le Championnat des États-Unis à Détroit. Lors de cette compétition, les deux patineuses jouent leurs places au sein de l’équipe américaine. La meilleure obtiendra son billet direct vers les JO. Tonya termine fabuleusement sur la première marche du podium, mais cela n’a été que de courte durée. En effet, la médaille lui a été retirée après une agression qu’elle aurait organisé avec ses proches. À la sortie d’un entraînement, Nancy Kerrigan est attaquée à coups de barre de fer. Son genou est gravement touché et les images de cette attaque font le tour du monde. «Pourquoi, pourquoi, pourquoi?», peut-on l’entendre dire avant d’être portée par son père.
 
Cette histoire permet tout de même aux deux patineuses de participer au JO de Lillehammer en 1994. Nancy Kerrigan finit sur la deuxième marche du podiums tandis que Tonya Harding doit se contenter d’une huitième place à cause d’un problème de lacet.
 

« Les médias ont fait de moi la coupable »

 

À la suite de cette agression, plusieurs enquêtes prouvent que l’agresseur a été engagé par l’ex-mari de Tonya Harding. «Peut-être que nous devrions faire en sorte que quelqu’un disparaisse de la compétition pour nous assurer qu’elle fasse partie de l’équipe», aurait lancé un proche de la blonde. Accusée de faux témoignages, elle fut exclue de la fédération américaine de patinage et est condamnée à payer une amende de plus de 160 000 dollars. Par ailleurs, elle décide se reconvertir dans le catch, la musique, la boxe et la comédie. Souvent interrogée, la jeune femme a toujours affirmé n’avoir pas planifié l’attaque contre sa concurrente. Pas plus qu’elle n’aurait été au courant du plan sordide monté par son ex. Néanmoins, elle avoue dans certaines interview, avoir eu des doutes, sentant que quelque chose se tramait du côté de ses proches.
 
Aujourd’hui, Tonya Harding n’arrive toujours pas à se défaire de l’image que les médias ont donné d’elle, celle «de la méchante». Elle reconnaît même être en colère «parce que personne ne veut croire» qu’elle n’avait rien à voir dans cette affaire. «Les médias ont fait de moi la coupable d’une chose terrible avant même que je ne puisse m’expliquer ou sortir de mon lit. J’ai toujours été la mauvaise de l’histoire. Est-ce un défi du Seigneur pour voir jusqu’où je peux être poussée à bout avant que je craque ?».
 
 

 

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By ClemBodeau2023