MODE

Challenge 333 : une mode minimaliste pour le bonheur de chacun

pile de vêtement
Face à la surconsommation et à ses impacts environnementaux, le Challenge 333 propose de repenser notre rapport aux vêtements en réduisant sa garde-robe à l’essentiel. Zoom sur les différentes façons d’adopter une mode plus responsable.
Avez-vous une idée précise du nombre de vêtements qui se trouvent dans votre garde-robe ? Beaucoup d’entre nous ignorent la réponse à cette question, pourtant essentielle. Selon un rapport de l’ADEME, une femme dispose en moyenne de 128 à 531 vêtements, tandis qu’un homme en possède entre 74 et 284. Une telle accumulation s’explique souvent par des achats impulsifs ou sous l’effet de la compulsion. Même lorsqu’un coup de cœur nous pousse à acquérir un vêtement, une étude révèle que nous ne portons en moyenne qu’un article 4 fois avant de nous en débarrasser. Pour contrer cette surconsommation, des chercheurs berlinois de l’Hot or Cool Institute suggèrent qu’une garde-robe « suffisante » se compose de 74 vêtements et 20 tenues. Ils recommandent également de limiter les achats à une moyenne de 5 articles par an. 
Mais certains consommateurs vont même plus loin pour ne pas encombrer leur dressing. C’est le cas de Rachel Spencer, une influenceuse canadienne cumulant pas moins de 500 000 abonnés, qui a récemment popularisé le Challenge 333 sur les réseaux sociaux. Mais en quoi consiste ce défi ? Inspiré du livre « Le projet 333: le défi de la mode minimaliste » de Courtney Carver, le Challenge 333 encourage à réduire sa garde-robe à seulement 3 hauts, 3 bas et 3 paires de chaussures. L’objectif : créer le maximum de tenues possibles avec ces pièces pour la vie quotidienne. Ce mode de vie minimaliste a rapidement franchi les frontières et s’est répandu en France. Validé par le magazine de mode Vogue, le défi a d’ailleurs accumulé plus de 8 millions de vues sur TikTok !
Challenge 333
Une garde-robe et un mental plus léger
Si de nombreux Français ont adopté le Challenge 333, c’est parce que ce mode de vie minimaliste apporte un véritable bien-être. Face à une garde-robe surchargée, choisir chaque matin une tenue devient une source de stress et de fatigue considérable. Cela pourrait entraîner une réaction cognitive négative en mobilisant de l’énergie mentale inutile. À l’inverse, une garde-robe allégée réduit la pression quotidienne et favorise la sérénité. 
Carla Berton, responsable marketing et adepte du Challenge 333, a découvert cette méthode grâce à une jeune femme qui montrait sur TikTok combien de tenues elle pouvait créer avec seulement 9 pièces de sa garde-robe. “J’ai trouvé ça génial, alors j’ai décidé d’adopter cette méthode dans ma vie quotidienne.” Avant de se lancer, Carla a entrepris un grand tri dans sa garde-robe en mettant de côté les vêtements qui ne lui procurent plus aucune joie. Maintenant, chaque fois qu’elle choisit une tenue, elle se sent belle et à l’aise. Dotée d’un esprit très créatif, elle adore imaginer les multiples combinaisons possibles avec quelques pièces seulement : « Par exemple, je peux transformer une jupe en robe ou en haut ou encore couper un jean pour le transformer en short. »  Depuis qu’elle a adopté ce mode de vie, Carla ressent beaucoup moins de stress au moment de s’habiller. Elle témoigne de l’impact réellement positif du Challenge 333 sur son quotidien et sur sa santé mentale : « Cela fait maintenant 6 mois que je commence mes journées plus sereine, sans passer des heures devant mon armoire à me demander quoi porter. Avant, ce temps perdu me faisait parfois arriver en retard à des réunions importantes…. »
Changer complètement son mode de vie et adopter le Challenge 333, comme l’a fait Carla, peut sembler intimidant. Sa meilleure amie, Lina, jeune journaliste et adepte des achats compulsifs, en est un parfait exemple. Habituée à faire les boutiques une à deux fois par semaine, Lina trouve difficile d’imaginer une garde-robe réduite à l’essentiel. « Je ne peux pas m’imaginer n’avoir que 9 pièces dans ma garde-robe. J’achète des vêtements très souvent, parfois par nécessité pour le travail ou pour certains rendez-vous.” Pour Lina, les vêtements neufs sont une véritable source de plaisir personnel : « Avoir de nouveaux vêtements me procure du bonheur. C’est une pratique qui me rend réellement heureuse. »  Mais même si leurs approches sont totalement opposées, Lina ne manque pas d’admirer son amie ainsi que son engagement : « Carla m’impressionne beaucoup. Je remarque également que ce défi a un grand  impact écologique positif. Peut-être qu’un jour je suivrai ses pas ! »  
Se rapprocher “des objectifs climatiques mondiaux”
Malgré son penchant pour le shopping compulsif, Lina reconnaît néanmoins l’impact positif que peut avoir le Challenge 333 sur l’environnement. En effet, adopter une consommation plus raisonnée, comme le conseille cette démarche, aide à réduire l’utilisation des ressources naturelles ainsi que les émissions de CO₂ générées par la fabrication ainsi que le transport des vêtements. À titre d’exemple, la production textile mondiale est responsable d’environ 1,2 milliard de tonnes de CO₂ par an. Par ailleurs, intégrer le Challenge 333 dans notre quotidien permet aussi de limiter l’achat d’articles issus de la fast fashion, un secteur tristement connu pour ses pratiques peu respectueuses de l’environnement et des droits humains. 
“Si la moitié de la population mondiale adoptait cette pratique, les émissions de gaz à effet de serre et l’empreinte hydrique globale seraient réduites” affirme Isabelle Lefort, co-fondatrice de l’association Paris Good Fashion. Elle ajoute : “Des milliards de litres d’eau seraient économisés chaque année et les décharges seraient moins saturées par des tonnes de vêtements jetés. Une telle réduction nous rapprocherait des objectifs climatiques mondiaux !”. Avec la sensibilisation croissante à la crise climatique et l’engagement des nouvelles générations en faveur de l’écologie, des initiatives comme le Challenge 333 pourraient bien devenir une véritable référence. Cependant, Isabelle Lefort nuance : “La principale limite est que ce défi ne convient pas forcément à tout le monde, que ce soit pour des raisons culturelles, professionnelles ou personnelles. Mais même une adoption partielle peut avoir un impact positif.”
Quand l’éthique rencontre le style
Pour certaines personnes, les vêtements incarnent une identité, une culture ou un moyen différent de s’exprimer. Réduire leur garde-robe à seulement quelques pièces, comme le préconise le Challenge 333, peut alors sembler inconcevable. La mode, pour ces passionnés, est un langage à part entière. Chaque tenue devient une manière de raconter une histoire ou d’affirmer un style. C’est pourquoi, certains préfèrent chercher des alternatives plus responsables sans pour autant renoncer à leur créativité. Les friperies, brocantes et plateformes comme Vinted sont devenues des solutions. Mais cette démarche peut également avoir ses limites : acheter de la seconde main de manière compulsive revient parfois à retomber dans le piège de la surconsommation, même si elle est plus respectueuse de l’environnement. Loubna Said, couturière passionnée, raconte : « Je voulais une garde-robe qui corresponde parfaitement à mes besoins, alors j’ai appris à coudre. Chaque pièce que je porte est unique et faite sur mesure. Je ne ressens plus ce besoin d’acheter, car je peux concevoir exactement ce dont j’ai envie ». Pour Loubna, cette démarche est autant écologique que émotionnelle : « Quand on sait le temps et l’effort nécessaires pour créer une robe ou un pantalon, on arrête de consommer à l’excès. C’est gratifiant et apaisant de porter des pièces qui ont une véritable valeur ».
De son côté, Emmanuelle Sits, une jeune influenceuse passionnée de mode, a choisi une autre approche : « Je n’achète que des pièces de luxe, comme Dior, Chanel ou Hermès, mais toujours de seconde main. Ce sont des vêtements et accessoires qui durent des années, parfois des décennies, et leur qualité est incomparable ». Pour Emmanuelle, ce choix est à la fois pratique et durable : « Investir dans des pièces intemporelles de haute qualité, même d’occasion, me permet d’avoir une garde-robe réduite mais qui a du sens. Et honnêtement, porter un sac Chanel vintage, c’est bien plus stylé qu’un sac acheté neuf en fast fashion ». Si le Challenge 333 peut sembler radical pour certains, il n’est pas la seule manière de revoir notre rapport aux vêtements. Beaucoup préfèrent privilégier des pièces intemporelles, miser sur des matières de qualité ou encore se tourner vers des marques plus responsables. Chacun peut ainsi réduire son impact sans pour autant renoncer à l’esthétique ou au plaisir de s’habiller. Et même si le Challenge 333 n’est pas au goût de tout le monde, il a au moins le mérite de nous pousser à réfléchir sur nos habitudes vestimentaires et à explorer des alternatives plus durables, en phase avec nos besoins ainsi que nos valeurs.
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By ClemBodeau2023